Grande entrevue Simon De Baene, PDG de GSoft

Une firme de génie-logiciel pure

À 28 ans, Simon De Baene, président et cofondateur de GSoft, une entreprise émergente du secteur des technologies de l’information, a été désigné il y a deux semaines Jeune entrepreneur de l’année lors du Gala du Grand Prix de l’entrepreneur d’Ernst & Young. On m’avait demandé de lui remettre le prix, ce que j’ai fait en présentant sa firme comme la CGI de demain.

Ce qui n’est pas exactement son ambition, m’a-t-il précisé en entrevue cette semaine.

« CGI est une grande entreprise, une multinationale. Mon père a travaillé là comme vice-président au développement. Mais CGI fait beaucoup d’activités de service. Nous, chez GSoft, on veut rester une firme de génie logiciel pure », nuance Simon De Baene, qui a fondé GSoft à 20 ans, à sa première année d’études en génie du logiciel à l’École de technologie supérieure (ÉTS).

Après avoir complété une technique collégiale en programmation informatique, le jeune De Baene s’inscrit à l’ÉTS et rencontre à la toute première journée de la rituelle initiation Guillaume Roy, avec qui il fondera GSoft quelques semaines plus tard.

« On s’emmerdait un peu à l’école. On était complémentaires. Guillaume est un maître de la technique, c’est un geek. Moi, je suis plus conceptuel.

« On entendait des horreurs sur le monde de l’informatique, sur la mauvaise planification comme, par exemple, le dossier patient que le gouvernement voulait mettre sur pied. On a décidé de se lancer dans la conception de produits informatiques avec comme premier objectif de juste bien faire les choses », relate l’entrepreneur.

Ils décrochent leur premier mandat avec le Casino de Montréal, pour qui ils développeront un système de gestion de ses machines à sous. Puis vient un premier gros contrat avec Aéroports de Montréal, qui veut se doter d’un système de gestion de ses consignes – un système de paiement avec scanneurs… –, ce qui amènera GSoft à embaucher ses premiers employés.

« On avait cinq employés, et il fallait que je fasse les paies, que je réalise les mandats chez les clients tout en m’occupant du développement des affaires. Ç’était du sport », se souvient Simon De Baene.

GSoft se développe à mesure qu’elle décroche de nouveaux mandats. En 2008-2009, les affaires décollent sur tous les fronts : la conception du nouveau site web du Fonds de solidarité FTQ, le système de gestion des comptes clients des conseillers financiers de la Banque Laurentienne, la gestion des tables de jeux du Casino…

L’entreprise compte aujourd’hui 80 développeurs de logiciels et de solutions informatiques qui proviennent de l’ÉTS, de Polytechnique Montréal et de l’Université de Sherbrooke. « On va être 125 l’an prochain », anticipe Simon De Baene.

Une offre distinctive

L’expansion de la firme a un peu dépassé ses fondateurs. Le groupe a emménagé dans des locaux d’un loft industriel de Pointe-Sainte-Charles pour déménager l’an dernier dans un espace plus grand de 7000 pieds carrés. Un nouveau déménagement dans le même loft se fera prochainement dans des locaux de 18 000 pieds carrés.

« Notre ambition est de créer des divisions satellites de GSoft qui seront autonomes avec leurs propres cycles de développement de produits. On a commencé l’an dernier en développant une application pour le système de partage de documents SharePoint de Microsoft.

« Notre système ShareGate permet aux clients de SharePoint de migrer vers les nouvelles versions du système. Ça nous a ouvert une fenêtre sur les 5000 entreprises qui utilisent SharePoint partout à travers le monde », précise Simon De Baene.

Cette nouvelle division, qui regroupe une douzaine de développeurs, fonctionne de façon autonome. En un an, ses revenus ont triplé et ils augmentent maintenant de 30 % par mois, souligne le PDG.

« Depuis deux ans, on a mis en place une structure corporative structurée. Notre vice-président des finances a 23 ans. Il a terminé son bac en travaillant chez nous. Il va faire son MBA le soir. Moi, il me restait cinq cours à compléter pour obtenir mon bac. Mes parents auraient bien aimé que je le termine, mais je n’avais plus le temps », confie Simon De Baene.

Il n’a pas obtenu son bac, mais son père s’est joint à GSoft comme vice-président au développement des affaires.

« On veut vraiment s’imposer comme développeur de nouveaux produits informatiques. On ne fait pas de placement de viande », explique-t-il, précisant par là qu’il ne place pas d’employés pigistes de chez GSoft pour occuper des fonctions dans des entreprises.

Tout le développement est autofinancé à même les liquidités du groupe, qui n’a aucune dette. L’entreprise bénéficie des crédits d’impôt à la recherche et au développement.

L’ambition de Simon De Baene est aussi de faire de GSoft une entreprise où il fait bon travailler. À cet égard, la firme de TI est équipée d’une cuisine, d’une aire de jeux et d’un bar, comme c’est la norme dans cette industrie.

Il a voulu pousser plus loin la convivialité en instaurant le concept des vacances illimitées. Les employés, dont la moyenne d’âge est de 28 ans, peuvent prendre le temps nécessaire pour réaliser un tour de l’Europe, s’ils ont livré les résultats qu’on attendait d’eux.

Il n’y a pas d’heure d’entrée au bureau, et tous les employés sont invités pour un week-end en Floride dans le temps des Fêtes, alors que GSoft paie la moitié des coups du voyage. L’an dernier, c’était New York et il y a deux ans, Las Vegas.

Où voit-il son entreprise dans cinq ans ?

« On aura, je l’espère, développé une branche de produits extrêmement forte. On va rester une entreprise de génie logiciel pure qui cherche à faire une différence pour ses clients », souhaite-t-il simplement.

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